Précurseur, le Cobol est l’un des premiers langages de programmation. Toutefois, face à des langages modernes comme Go ou Python, voire Pascal ou C, le Cobol a l’image d’un code trop massif, trop verbeux, même ringard ! Par chance, il a su résister jusqu’à devenir aujourd’hui une institution. Dans le monde entier, de très nombreuses bases de code Cobol sont toujours utilisées. En plus, plusieurs fonctionnent presque aussi bien qu’à l’époque de leur création !
Déjà plus de 60 ans et toujours aussi présent, il assure le fonctionnement d’une bonne partie des systèmes d’entreprise les plus critiques. De ce fait, la demande en matière de programmeurs ne devrait pas décliner. Mais, pourquoi le Cobol reste-t-il toujours aussi présent ? En quoi le Cobol reste-t-il en phase avec l’actualité ? Pour en savoir plus, continuez votre lecture !
Les origines de sa création
Apparu à la fin des années 1950, le Cobol, Common Business Oriented Language, est créé à la demande de la défense américaine. Pensé par une femme nommée Grace Hopper, il était alors destiné à remplir trois objectifs :
- Portabilité entre les différents systèmes informatiques destinée à faciliter la migration des logiciels aussi bien entre les générations de matériels, qu’entre les fabricants de matériels
- Syntaxe au plus proche de l’anglais comparé aux autres langages de l’époque (par exemple Fortran) de sorte à encourager une audience plus large à l’utiliser, quitte à renoncer à un certain débit opérationnel
- Adaptation aux changements
Sa caractéristique clé : toutes les constantes, variables et structures de données sont définies, et typées au début du programme. Ensuite, intervient la partie procédurale constituée des instructions à exécuter. Cette structure de programmation a la forme d’un arbre, dans lequel chaque ligne de code est unique et identifiée par des chiffres. Ce langage est donc fortement structuré et verbeux. Son rôle est de permettre aux entreprises, administrations et institutions de contrôler le code associé aux programmes commerciaux ou financiers. En conséquence, la technologie Cobol est surtout utilisée actuellement par des professionnels de la finance, de la comptabilité, de l’assurance.
La popularité croissante de Cobol à partir de 1960
Dès 1960, les premières spécifications sont publiées : Cobol devient alors le choix de référence pour l’écriture d’applications commerciales tout au long de la décennie suivante. Adopté très tôt par IBM, l’un des premiers collaborateurs impliqués dans le développement du langage, il se diffuse rapidement par la force du réseau. Grâce à ses avantages de conception et au soutien sans faille de l’industrie, Cobol a réussi à survivre bien au-delà des systèmes pour lesquels il avait initialement été développé.
Selon diverses estimations, il était le langage de programmation le plus utilisé au monde en 1970. Résultat : le Cobol exécutait près de 80 % de la totalité des applications d’entreprise en 1997. Encore aujourd’hui, il gagne en popularité auprès des administrations, entreprises et institutions. D’après l’étude de Micro Focus de 2022, 92 % des entreprises à travers le monde le considèrent comme une technologie stratégique. D’après la même étude, le code Cobol totaliserait actuellement entre 775 et 850 milliards de lignes !
Une telle observation témoigne bien de sa perception positive auprès des plus grandes entreprises du monde.
Un code plus clair et précis
Le Cobol représente une plus-value pour les entreprises grâce à son code explicitant chaque étape du processus. Tout programme Cobol est ainsi divisé en sections, ou divisions. Elles sont destinées à faciliter la recherche et la compréhension de ses composants en un coup d’œil :
- Identification division : documentation minimale du programme (nom du programme, et commentaires divers : auteur, notice d’installation, date d’écriture du programme, etc.)
- Environnement division : description de l’environnement dans lequel le programme est exploité (configuration section), les fichiers que le programme utilisera pour aider à la portabilité entre les systèmes (input-output section)
- Data division : description des variables en mémoire, c’est-à-dire les variables associées aux fichiers (file section), variables de travail (working-storage section), paramètres formels des sous-programmes (linkage section), variables de communication (communication section) et du générateur d’états (report section)
- Procédure division : c’est le véritable code du programme, séparé en unités logiques appelées sections, paragraphes, sentences et statements (véritables instructions du programme)
Il est intemporel. Lorsque les applications Cobol sont rédigées, elles restent généralement intactes, et ne requièrent que très peu de modifications.
Les usages et fonctionnements actuels de Cobol
Il a évolué au cours des années, sans pour autant renier sa rétrocompatibilité. Malgré toutes les améliorations et extensions, il conserve son but : continuer à faire fonctionner les applications existantes. Parmi les choix de conception adoptés, tous n’ont pas rencontré de succès auprès des programmeurs Cobol. En effet, certains choix ont débouché sur des programmes trop complexes et difficiles à comprendre, ou à déboguer. En conséquence, cela a découragé plusieurs réécritures et améliorations (commandes Go To ou C parfois délicates).
Aujourd’hui, il reste présent sous quelques formes. Hormis IBM, Micro Focus Cobol réalise des applications Cobol en Java et .Net. Il existe également des implémentations open source de Cobol, comme GnuCobol. S’il reste largement utilisé, il est devenu de plus en plus difficile de trouver une expertise approfondie sur le long terme.
Résultat : bon nombre de programmeurs Cobol à la retraite sont sollicités pour adapter des applications plus anciennes au 21e siècle. La plupart du temps, c’est surtout une compréhension fine des environnements mainframe dans lesquels Cobol fonctionne qui est recherchée. En cause, le besoin d’expertise dans ce langage et son environnement de développement augmente avec les ans. Aussi, les postes vacants restent nombreux !
Les besoins croissants de développeurs
À en croire une enquête de Micro Focus, la quantité de Cobol à disposition des entreprises va croître significativement. De même, 64% des répondants souhaitent moderniser leurs applications Cobol au lieu de remplacer leurs anciens systèmes. Il s’agit d’un enjeu de taille : la majorité des développeurs Cobol, généralement quinquagénaires, se retirent progressivement faute de remplaçants. Il faut dire que trop souvent, hélas, les jeunes développeurs se dirigent vers des technologies de pointe.
Plus de 70% des guichets automatiques et environs 80% des activités des entreprises reposent sur des applications Cobol. Il est urgent de moderniser et d’investir dans cette technologie pour faciliter la transition vers une nouvelle génération de développeurs. Il est question de tout un écosystème d’une complexité édifiante, qui existe depuis plus de 60 ans. Pensez-y, une personne standard est amenée à utiliser un système géré en Cobol au moins 8 fois par jour sans le savoir !
Mais, pourquoi ne pas renoncer au Cobol ? Malheureusement, la migration de toutes les données d’une banque vers un nouveau système informatique poserait des problèmes de taille : coûts considérables, plusieurs années de travail, avec surtout un risque de pertes à cause du manque de documentation des lignes de code. Ainsi, le futur du Cobol ne peut être que prometteur : porteur de nombreuses perspectives de développement et d’opportunités professionnelles !
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