Qui sont les GAFA ?
Qu’importe votre secteur d’activité, votre âge, votre rapport à la technologie, il y a de très grandes chances pour que vous utilisiez quotidiennement les GAFA. Ces entreprises américaines qui sont aujourd’hui les plus puissantes du monde et qui, chaque jour, cherchent à entrer un peu plus dans votre vie privée et à vous soutirer vos données personnelles afin de les revendre.
Les géants Google, Amazon, Facebook et Apple, aussi appelés « GAFA » possèdent un pouvoir économique considérable qui peut parfois même être supérieur à celui d’un état. Faut-il se méfier de ces géants du web et sont-ils vraiment « inatteignables » ?
Sont-ils réellement si puissants ?
Ce que craignent les énormes multinationales, c’est que le schéma de leur réussite se reproduise et finisse par les éjecter de la scène internationale. Comme eux même ont écrasé d’innombrables entreprises avant d’arriver à avoir le monopole du web, maintenant qu’ils sont au sommet de la pyramide, ils comptent bien y rester et défendre leur place coûte que coûte.
Une de leurs stratégies est de racheter toutes les jeunes entreprises prometteuses. Cela pour deux raisons, déjà afin de tuer la concurrence avant même que ces sociétés ne deviennent des adversaires trop sérieux, mais aussi pour élargir leurs compétences et aller toujours plus loin sur leur emprise du web. C’est pour cette raison que Facebook a acheté Instagram ou WhatsApp, ou que Google à acheté Youtube. Avant que le vent ne tourne, ils essayent toujours d’avoir un temps d’avance. Les jeunes entreprises ont des idées, les GAFA ont de l’argent, par conséquent la finalité est toujours la même : les GAFA finissent avec l’argent ET les idées.
En soit, les GAFA sont des puissances monstrueuses mais qui ne cessent de se renouveler, s’ils mènent la danse aujourd’hui il est important de s’en inspirer pour rester compétitif et tenter de mettre à profit les outils mis à disposition par ces entreprises.
Sont-ils vraiment si dangereux ?
Malgré le fait que les GAFA soient critiquables sur bien des sujets, ils n’ont pas que des cotés négatifs pour autant. Leur réussite exceptionnelle n’est pas non plus anodine et vient en parti du fait qu’ils ont avant tout su répondre à des besoins en s’imposant dans nos vies comme des noms incontournables qui répondent à des désirs devenus incontournables.
Google, Apple, Facebook et Amazon ont pour point commun leur désir de simplifier la vie du client, de part le produit qu’ils offrent mais aussi de part l’expérience client qu’ils font vivre sur leurs sites. Ils ont bâti des référentiels très puissants, des codes incontournables que les sites d’e-commerce aujourd’hui ont dû adopter pour ne pas perdre leur clients.
Les GAFA ont su développer le « responsive design », la résolution qui permet aux interfaces de s’adapter à tous types de supports ce qui offre une expérience de navigation particulièrement pratique et qui permet à l’acheteur potentiel de ne pas perdre ses repères qu’importe le support choisi.
N’oublions pas que les GAFA sont plus des concurrents que des alliés et qu’ils passent la majeure partie de leur temps à se faire la guerre, une guerre qui ne les renforce pas toujours et à qui profite tout cela ? Aux consommateurs.
Les plateformes publicitaires de Google et Facebook offrent par ailleurs aux annonceurs le moyen de cibler leurs messages, de toucher les bonnes personnes au bon moment et ce, pour des coûts relativement peu élevés. De ce point de vue, ils rendent un grand service à l’économie au sens large. Ils permettent à des petites entreprises aux budgets limités d’exister et de se faire un place sans pour autant avoir des millions à placer dans leurs couvertures publicitaires.
Leurs rapports aux fake news et à la vie privée
Les GAFA ne font pas encore assez d’efforts pour protéger leurs utilisateurs, en témoigne le nombre de « fake news » qui sont présentes partout sur le web et qui viennent inonder nos fils d’actualité sur tous les réseaux sociaux et contre lesquelles ils ne font rien, ou très peu de chose. Peu de sanctions sont données ce qui permet à ces informations de perdurer et parfois, de faire beaucoup de mal.
Les réseaux sociaux ont même été accusés de menacer les démocraties occidentales, comme l’élection américaine ou encore le scrutin du Brexit (qui aurait été influencé par la Russie).
Plus problématique encore, nous savions déjà que ces entreprises vendaient nos données à des fins commerciales, mais nous avons pu constater aussi que nos données n’étaient pas protégées comme il se doit, l’année dernière, 87 millions de comptes ont étés piratés dans l’affaire Cambridge Analytica, autant de points qui ont poussé un grand nombre de personnes à se détourner des GAFA.
Les GAFA et les données personnelles
Tout ce que vous écrivez sur vous, ce que vous partagez, vos informations personnelles, vos photos, votre lieu de travail, tout est revendu par Facebook, Snapchat, WhatsApp ou Twitter. L’immense majorité des réseaux sociaux ouvrent leurs portes aux développeurs externes qui créent des applications nourries de l’exploitation des données personnelles des utilisateurs. Les seules informations supposées être « sûres » sont les données bancaires, et la encore il n’y a pas vraiment moyen de savoir ce qu’en font les géants américains et plus particulièrement pour les réseaux sociaux.
Google vend toutes les données concernant les recherches, la géolocalisation, mais aussi les sites consultés, il en est de même pour Yahoo, Bing ou les autres moteurs de recherche. Google va par exemple croiser les données qu’ils ont sur vous avec les vidéos que vous regardez sur YouTube (qui leur appartient) pour affiner votre profil et mieux vous cibler.
Si aux Etats-Unis il n’existe pratiquement aucune loi concernant l’utilisation des données des utilisateurs, en Europe, ce n’est plus aussi simple qu’avant pour les géants du web de vendre vos données. Facebook s’est vu sanctionné par 2 fois en 2017, une fois par la Commission Européenne une amende de 110 millions d’euros pour le partage des données personnelles de ses utilisateurs vers WhatsApp, et une fois par la CNIL en France, une amende de 150 000 euros pour des manquements dans sa gestion des données des utilisateurs.
L’arrivée de la RGPD en 2018 a permis d’obliger tous les sites présents en Europe à se plier à des contraintes concernant l’utilisation des données de ses utilisateurs, et c’est un grand pas en avant pour les utilisateurs. En effet, pouvoir choisir les informations personnelles qu’ils partagent avec les entreprises est un grand pas en avant dans la protections des données mais le chemin est encore long avant une maitrise totale.
Les GAFA et les taxes
La véritable problème avec les GAFA c’est que, jusque la, ils ne payent que très peu d’impôts dans les pays où ils réalisent des affaires…
Une « Taxe GAFA » européenne avait pour projet d’être instaurée en ce début d’année 2019 mais tous les pays de l’UE n’arrivent pas à trouver un accord. La Suède s’est opposée à cette taxe estimant que « l’Union ne doit pas avoir un rôle et des compétences en matière de fiscalité » empêchant son adoption car elle nécessite l’unanimité des 28 pays en matière de fiscalité.
La France, seule contre tous ?
Faute de réel soutien, le gouvernement français a décidé de maintenir ce projet de « taxe sur les géants du numérique » faisant de la France un pays pionnier en terme d’imposition de GAFA. Cette taxe, menée par Bruno Le Maire a pour but de faire bouger les lignes, « Personne ne peut accepter que les grandes entreprises du numérique payent 14 points d’impôts de moins que nos PME » a-t-il déclaré. Le taux d’imposition des GAFA étant de 9 % à l’heure actuelle contre 23 % pour les entreprises européennes en général. Cette année, cette taxe est censée rapporter 400 millions d’euros à l’état, ce qui reste une goutte d’eau en comparaison à ce que ces sociétés engrangent comme bénéfices, cependant ce chiffre ne devrait aller qu’en grandissant dans les années à venir avec un objectif pour 2021 de 650 millions d’euros.
Si certains pays sont encore sceptiques à l’idée de vouloir s’attaquer aux géants du web, d’autres ont eux aussi décidés de prendre des mesures pour taxer les GAFA. Sur la scène internationale on retrouve l’Australie ou encore l’Inde. Concernant l’Europe, l’Espagne, l’Autriche, l’Italie mais aussi le Royaume-Uni vont prendre des mesures allant dans cette direction. Pour un changement globalement européen, le sujet est toujours sur la table et la situation n’est pour l’instant toujours pas définitivement fixée. Affaire à suivre…
Il est évident que ces grands groupes ont beaucoup de défauts que l’on ne se prive pas de mettre en lumière au moindre écart de conduite, mais ils ont surtout énormément de qualités. Il ne faut pas oublier tout ce que ces sociétés ont apporté, apportent et continueront d’apporter dans les années à venir. La majorité des changements positifs dans le digital ont été amenés par eux, ce sont des sociétés tentaculaires qui touchent à tout, qui ne sont pas uniquement présents dans leurs secteurs d’activités. Ils investissent des milliards tous les ans dans tous les domaines d’avenir, que ce soit le médical, l’intelligence artificielle ou encore le futur de l’automobile, et toutes ces innovations serviront tôt ou tard à nous faciliter la vie d’une manière ou d’une autre.
Enfin n’oublions pas que ces grands groupes qui se sont fait un nom et qui se sont rendus indispensables dans nos vies en quelques décennies pour les plus vieux d’entre eux semblent aujourd’hui intouchables mais ne sont pas à l’abri d’un futur Steve Jobs, Bill Gates ou encore Elon Musk qui arrivera avec l’idée, le projet, qui détrônera l’un de ces géants. Qui sait, peut être que le prochain géant du web sera français ?